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Y a-t-il un espoir d’accord sur le barrage éthiopien ?

Mustapha Kamel Al Sayed, politologue à l’Université du Caire, et Marc Lavergne, géopolitologue au CNRS, spécialiste de la Corne de l’Afrique, analysent les équilibres en présence autour de la gestion en eau du Nil.

«Le gouvernement égyptien n’est pas hostile au grand barrage éthiopien de la Renaissance même s’il avait voulu une infrastructure moins gigantesque ». Cette première bataille a été perdue. Les Égyptiens ont été naïfs. Ils ont fondé trop d’espoir dans la médiation des États-Unis ; or l’Éthiopie n’a pas de rapports si décisifs avec Washington. Ils n’ont pas tiré les leçons des échecs répétés des négociations. L’Éthiopie refuse tout compromis. Elle s’est même opposée à une expertise technique, or il reste des doutes sur la qualité de ce barrage.

Et maintenant, dans le contexte de guerre civile en Éthiopie, il est important pour Addis-Abeba de montrer qu’il ne brade pas les intérêts nationaux du pays. Le barrage y est une source de fierté. Toute concession faite à l’Égypte serait perçue comme une capitulation. Avec 600 m3 d’eau par habitant et par an, au lieu des 1 000 m3 requis, l’Égypte souffre déjà de pénurie d’eau. « Il nous faut un accord pour allonger la durée de remplissage du barrage, pour instaurer des règles de fonctionnement pendant les périodes de sécheresse et pour créer un mécanisme pour résoudre les conflits s’ils surviennent. L’on pourrait s’inspirer de l’exemple de gestion du bassin du Danube. Le dernier espoir d’arriver à un tel accord contraignant est de faire appel à d’autres médiations, notamment la Chine qui investit et construit le réseau électrique en Éthiopie. Pékin dispose ainsi de moyens de pression».

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